Comment sortir du régime de la micro-entreprise et évoluer vers un autre statut juridique ?
Votre expérience de micro-entrepreneur (auto-entrepreneur) vous a permis de tester votre idée et de vérifier qu'elle répond bien à une demande du marché. A ce jour, votre activité se développe, votre projet évolue, votre situation change... et vous souhaitez ou vous devez changer de régime. Cette évolution va entraîner des changements notables dans le fonctionnement de votre entreprise et, par conséquent, dans la façon de la gérer. Il est donc nécessaire pour vous de les appréhender et d'en connaître les effets. Vous trouverez ci-après : - les raisons principales qui motivent un changement de régime, - les questions à vous poser dans ces situations, - les points essentiels qui méritent votre vigilance.Vous avez dépassé le seuil d'application du régime de la micro-entreprise
- 1ère situation : vous dépassez le seuil de chiffre d'affaires de 72 600 € ou 176 200 € pendant une seule année.
Dans ce cas, vous conservez le bénéfice du régime fiscal de la micro-entreprise l'année de dépassement et l'année suivante.
- 2ème situation : pendant 2 années d'affilée votre chiffre d'affaires est supérieur à 72 600 € ou 176 200 €.
Au 1er janvier qui suit ces 2 années de dépassement vous changerez de régime fiscal de façon obligatoire et serez soumis :
- au régime réel d'imposition (simplifié ou normal) si votre activité est commerciale ou artisanale (BIC),
- au régime de la déclaration contrôlée si votre activité est libérale (BNC).
Vos cotisations sociales seront, quant à elles, calculées selon les règles de droit commun du régime des travailleurs non-salariés.
Si votre chiffre d'affaires s'abaisse en dessous de ces seuils, vous relèverez de plein droit du régime fiscal de la micro-entreprise l'année suivante.
Votre activité de micro-entrepreneur génère trop de charges d'exploitation
Faites le calcul du total de ces charges : carburant, locaux, frais de publicité, assurances, documentation, frais de reproduction, dépenses courantes, etc.
Si la somme de ces charges et de vos cotisations sociales dépasse l'abattement forfaitaire du régime fiscal de la micro-entreprise, c'est-à-dire :
- 71 % de votre CA (activités de vente de marchandises, d'objets, de denrées à emporter ou à consommer sur place, ou de fourniture de logement),
- 50 % de votre CA (autres prestations de services de nature commerciale ou artisanale),
- 34 % de votre CA (professions libérales),
vous avez peut-être intérêt à opter pour le régime réel d'imposition ou de la déclaration contrôlée si votre activité est libérale.
Dans ce cas, vous ne pourrez plus bénéficier du régime micro-social et vos cotisations sociales seront calculées selon les règles de droit commun du régime des travailleurs non-salariés.
Vous souhaitez protéger votre patrimoine personnel
Le régime du micro-entrepreneur vous a permis de démarrer rapidement votre activité.
Vous réalisez aujourd'hui que cette activité présente des risques qui pourraient mettre en danger votre patrimoine personnel ou familial, notamment si vous êtes en couple sans contrat de mariage, où les époux sont soumis au régime légal de la communauté réduite aux acquêts.
Plusieurs options s'offrent à vous :
- effectuer une déclaration d'insaisissabilité de vos biens immobiliers, dont la rédaction sera homologuée par un notaire, que vous pourrez opposer à vos créanciers professionnels,
- choisir le régime de l'EIRL (Entrepreneur individuel à responsabilité limitée).
- créer une société.
Vous souhaitez vous associer
Si c'est le cas, le statut d'entrepreneur individuel n'est plus adapté à votre situation car il ne permet pas de s'associer. Vous allez devoir envisager la transformation de votre entreprise en société.
Cette solution vous permettra :
- d'ouvrir votre capital à des associés, voire à des investisseurs,
- d'accéder ainsi plus facilement au crédit bancaire.
Mais, avant de changer de statut juridique, vous devrez prendre en compte plusieurs points :
- Les obligations administratives et juridiques de l'entreprise : dans une société, par exemple, à l'égard des tiers, le dirigeant n'agit pas pour son propre compte, mais "au nom et pour le compte" de la société. Il doit donc observer un certain formalisme et obtenir l'autorisation de ses associés pour tous les actes importants qui touchent à la vie de l'entreprise.
- Le régime fiscal de l'entreprise : selon le type de société choisi et en fonction des options prises, les bénéfices de l'entreprise seront assujettis à l'impôt sur le revenu ou à l'impôt sur les sociétés. C'est un critère qui peut être important en phase de développement.
- Votre régime social : le choix de la forme juridique aura peu d'influence sur votre protection sociale. En revanche, le coût de vos charges sociales pourra être plus ou moins important selon le régime d'affiliation (travailleur non salarié ou assimilé salarié).
Si vous changez de forme juridique et créez une société :
- Vous devrez procéder à la radiation de votre entreprise individuelle et évaluer la valeur de ses actifs corporels (matériel, outillage, marchandises, etc.) et incorporels (clientèle, nom commercial, droit au bail, etc.).
- Vous créerez parallèlement une société et transférerez votre activité dans cette nouvelle structure, suivant l'une des modalités suivantes :
- cession du fonds de commerce,
- apport en capital.
S'agissant d'une nouvelle structure, l'Insee délivrera un nouveau numéro Siren.
Votre activité de micro-entrepreneur se développe et vous avez envie de passer à la vitesse supérieure
Passer à la vitesse supérieure :
- en procédant à des investissements (matériel, outillage, machines, etc.)
- en cherchant un local adapté à l'exercice de votre activité,
- en recrutant du personnel, etc.
- Le régime fiscal du micro-entrepreneur risque de ne plus être intéressant pour vous. En effet, il ne vous permet pas de :
- de déduire de votre chiffre d'affaires vos frais réels (salaires, charges sociales, amortissements, etc.),
- de récupérer la TVA que vous payez sur vos achats.
- Vous avez sans doute intérêt à opter pour un autre régime :
- le régime réel d'imposition (simplifié ou normal) si votre activité est commerciale ou artisanale (BIC),
- le régime de la déclaration contrôlée si votre activité est libérale (BNC).
Dans ce cas, vous ne pourrez plus bénéficier du régime micro-social et vos cotisations sociales seront calculées selon les règles de droit commun du régime des travailleurs non-salariés.
En conclusion, posez-vous les bonnes questions !
Quelle que soit votre situation, le changement de régime fiscal s'accompagnera pendant quelques semaines d'obligations qui vous étaient étrangères jusqu'alors (déclaration de TVA, tenue d'une comptabilité plus complète...) et que vous devrez prendre en charge ou sous-traiter.
Cela risque donc d'alourdir vos charges de fonctionnement : honoraires de comptabilité et d'avocat, cotisations sociales minimales à verser, etc.
Autant de points qui doivent vous inciter à vérifier précautionneusement que votre projet, dans sa nouvelle forme, "tiendra toujours la route". Vous devrez donc le retravailler comme s'il s'agissait d'une création d'entreprise ex nihilo, en vous posant des questions essentielles !
1/ Avez-vous validé économiquement le développement de votre activité ?
Prenez un peu de temps pour valider économiquement le développement de votre activité !
Grace à votre expérience, vous avez pu vérifier que votre idée répond bien à une demande du marché. Mais, pourrez-vous développer un chiffre d'affaires suffisant ?
- Vérifiez vos dernières hypothèses et l'opportunité de ce projet de développement.
- Allez-vous proposer de nouveaux produits ou services ?
- Allez-vous diversifier votre clientèle ?
- Votre nouvelle offre a-t-elle sa place sur le marché ?
- Comment vous situerez-vous par rapport à la concurrence (prix, qualité, disponibilité, délais, etc.) ?
- Déterminez précisément votre politique de développement commercial (publicité, force de vente, approvisionnements, etc.) ainsi que les moyens financiers, matériels et humains à mettre en place pour y parvenir.
- Fixez des hypothèses de chiffre d'affaires pour les années à venir.
- Elaborez un compte de résultat prévisionnel qui vous permettra de vous assurer que l'activité prévisionnelle de votre entreprise générera des recettes suffisantes pour couvrir les charges entraînées par les moyens humains, matériels et financiers que vous aurez mis en œuvre.
- Calculez votre "point mort" (ou seuil de rentabilité), c'est-à-dire le montant de chiffre d'affaires à réaliser pour couvrir au moins l'ensemble de vos charges. Au-dessus de ce seuil, l'entreprise commencera à dégager un profit et deviendra donc rentable.
2/ Avez-vous bien évalué les besoins financiers qui seront nécessaires à ce développement ?
Votre projet va entraîner :
- de nouveaux besoins de financement,
- une augmentation de votre besoin en fonds de roulement,
- et, sans doute, la nécessité de rechercher de nouvelles sources de financement.
Vous devrez donc vous attacher à élaborer un plan de financement qui précisera quels sont les besoins nécessaires au développement de votre projet et les ressources qu'il vous faudra trouver.