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En remettant au goût du jour les vêtements de travail sous sa marque historique Kidur, l’entreprise Confection des Deux-Sèvres (C2S) prend un virage stratégique réussi. Elle allie aujourd'hui à Courlay, une production pour le marché du luxe et pour sa marque de prêt-porter.
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De grands hangars industriels estampillés C2S dans un décor de bocage vallonné des Deux-Sèvres… Il est surprenant d’imaginer que de ce site sort ce qui se fait de plus chic en matière de chemises sur mesure, en France comme à l’étranger. L’entreprise Confection des Deux- Sèvres (C2S) est sous-traitante pour de très grandes marques de luxe.
Et depuis peu, elle assoit sa notoriété avec sa propre griffe responsable et durable, inspirée des vêtements de travail : Kidur.
Une marque « workwear » vantée par la presse pour sa qualité Made in France, mais aussi via des collaborations, comme avec le film Les Têtes givrées, sorti au cinéma en février dernier, dans lequel Kidur habille l’acteur principal Clovis Cornillac.
Du marché du luxe à une marque en propre
« Kidur est un retour aux origines », précise Alexandre Clary, président de C2S, entré dans l’entreprise comme stagiaire en informatique en 2000 et qui l’a rachetée dix-huit ans plus tard. « La marque a été fondée en 1927 par deux jeunes copains qui se sont lancés dans le tissage de toiles pour confectionner des vêtements résistants, destinés aux ouvriers et agriculteurs. Produits très vite reconnus comme des vêtements qui durent. » Le nom était tout trouvé.
Dans les années 1960, l’entreprise a compté jusqu’à 600 salariés. « Puis les années 1980 et 1990 ont fait la part belle aux produits anglo-saxons, alors C2S s’est focalisée sur le marché du luxe. »
Une autre crise, sanitaire celle-ci, a accéléré le projet d’exhumer la marque pour lui redonner sa place. « Avec la Covid, les boutiques de luxe, nos principaux clients, ont stoppé toute activité. Nous avons pris conscience qu’avoir une seule activité pouvait nous mettre en danger. »
Autre raison plus structurelle: offrir de la visibilité à leurs savoir-faire. « Toute la problématique de C2S est que nous ne pouvons pas communiquer autour des marques prestigieuses pour lesquelles nous travaillons. Alors comment démarcher d’autres clients potentiels et attirer des talents à Courlay ? Kidur était l’occasion de recréer un univers qui nous ressemble, mais aussi de vivre cette expérience comme un projet fédérateur au sein de l’entreprise. »
Kidur a ouvert une boutique à Bordeaux et est présente dans quatre points de vente à Paris, La Flotte-en-Ré, Toulouse et HongKong.
Former de nouvelles recrues
Le jeune patron a revu toute l’organisation de la chaîne de production et modernisé l’outil de travail, avec une aide de la Région Nouvelle-Aquitaine. Soit un investissement de 150 000 euros par an pendant trois ans.
Ce qui s’est concrétisé pour les 75 salariés par plus de confort de travail, plus de formation et de responsabilisation « en créant des groupes au sein desquels les plus expérimentées transmettent leur savoir ».
Avec la mise en place d’une « Kidur Academy », chaque année de nouvelles recrues sont formées en interne. L’an dernier, sept personnes sans expérience particulière ont intégré l’entreprise. Cette année, une dizaine devrait être recrutée.
Aujourd’hui, C2S affiche un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros et produit jusqu’à 300 chemises par jour. Avec sa marque étendard, Alexandre Clary espère atteindre 20 % de ce chiffre d’affaires, tout en restant une structure à taille humaine.