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Se former sur son poste de travail

Temps de lecture 5 minutes

A Lubersac en Corrèze, Anaïs est en train d'intégrer Phenix Electronique en suivant une action de formation en situation de travail (Afest). Électronicienne de formation, elle peut revenir à son premier métier grâce à ce dispositif. L'Afest permet d'être formé dans une entreprise lorsqu'il n'existe pas de filière de formation.

Publié le Jeudi 19 septembre 2024
  • #Emploi
  • #Apprentissage
  • #Entreprise

« Il y a 3 façons d'assembler des composants sur une carte électronique », explique avec pédagogie Stéphanie Pasquier, responsable des ressources humaines chez Phenix Electronique. « Deux nécessitent l'utilisation de machines et la dernière méthode est manuelle : des monteurs-câbleurs déposent les composants et les soudent sur la carte. » Phenix Electronique utilise les 3 méthodes et a développé une forte expertise avec ses monteurs-câbleurs pour lesquels il n’y a aucune filière de formation en Nouvelle-Aquitaine. L’entreprise a donc choisi de passer par l’Afest, l’action de formation en situation de travail pour trouver ses nouveaux salariés.

Un homme passe devant des machines dans une usine.
La ligne CMS, une des 3 façons d'assembler des cartes électroniques qu'utilise Phenix Electronique.

Intégralement dans l'entreprise

Pour Anaïs, cette nouvelle façon d’apprendre le métier est une belle opportunité. A sa sortie de Terminal STI Génie électronique, impossible pour elle de trouver un travail dans le domaine. Après des années passées dans la vente de matériel médical, elle a découvert la possibilité de se former avec une remise à niveau et la certification qui va avec. L’alternance de 2 jours de formation et de 3 jours d’atelier, supervisée par une marraine, intégralement dans les locaux de l’entreprise, Anaïs a adoré.

Sur les postes de travail, l’ambiance est concentrée. Le silence appliqué est tout juste interrompu par le bruit des souffleurs qui servent à nettoyer les cartes des résidus. A Phenix Electronique, les monteurs-câbleurs sont en fait principalement…des monteuses-câbleuses. « Nous n’avons qu’un seul homme », précise Stéphanie Pasquier. « L’exigence de minutie du métier retient plutôt les femmes. » Chaque monteuse alterne entre la loupe binoculaire, essentielle pour travailler les soudures fines et vérifier leur qualité et le regard d’ensemble sur la carte électronique. « Au début, on a du mal à utiliser la loupe. Ca donne un peu le mal de mer. Puis, on s’y fait tellement bien qu’on se demande pourquoi on n’en a pas à la maison », plaisante Julie, la marraine d’Anaïs qui la chapeaute depuis ses débuts dans l’entreprise.

Une femme en blouse blanche assise à un poste de travail
Julie est la marraine d'Anaïs, elle la supervise depuis ses débuts dans l'entreprise.

Une démarche d'amélioration constante

Phenix Electronique travaille principalement pour l’aéronautique, le militaire et le médical. L’entreprise produit des cartes à haute valeur ajoutée, dites de classe 3. « C’est le plus haut niveau d’exigence pour les cartes électroniques. Dans un avion ou un appareil médical, les cartes ne doivent jamais tomber en panne », précise Stéphanie Pasquier. Elles sont produites en petites séries, de 1 à 1000 exemplaires. Chaque carte est vérifiée manuellement par des contrôleurs et passe une batterie de tests machines. En cas de défaut, le monteur doit les corriger et la carte est testée à nouveau. Cette partie, qui nécessite d’accepter un contrôle permanent de sa production, ne convient pas à tout le monde et accentue les difficultés de recrutement.

On estime qu’il faut 18 mois pour que la personne soit qualifiée sur son poste. Les débuts se font sur l’acquisition de la qualité de la brasure (i.e. la soudure) puis, petit-à-petit, sur la vitesse. « Quand on vient de faire une carte qui part au contrôle, on a toujours peur qu’elle revienne avec un défaut. Ce qui est bien, c’est qu’on est dans une démarche d’amélioration constante. On ne nous laisse jamais sur un échec », apprécie Anaïs. Pour elle, cette situation d’apprentissage est idéale. « Avec Julie [sa marraine], on a des échanges adaptés à mon niveau et elle m’accompagne jusqu’au bout. On fait toujours la première carte d’une série ensemble et elle m’aide à dépasser tous les points de blocage. »

Un liquide noir coule d'un gobelet sur des contenants avec des composants électroniques

La recherche de nouveaux candidats

« Du fait de la spécificité de nos métiers, l’Afest est parfaitement adaptée », se félicite Stéphanie Pasquier. Tout se fait sur place, car l’entreprise possède sa propre salle de formation qui peut accueillir jusqu’à 4 stagiaires. Et elle en recherche activement de nouveaux. Le marché des sous-ensembles électronique est porteur. Le groupe Agôn auquel appartient Phenix Electronique prévoit une forte croissance des effectifs dans les années à venir. Phenix devrait passer de 60 salariés à 90 d’ici 4 à 5 ans. La prochaine extension des locaux est déjà prévue.

C’est pourquoi l’entreprise recherche activement de nouveaux candidats. « Nous recherchons des profils de personnes qui font des activités minutieuses dans le cadre professionnel ou personnel, par exemple des bijoux, de la soudure ou encore de la maquette… autant de hobbies qui allient patience, dextérité, minutie et capacité de compréhension », détaille Stéphanie Pasquier. L’appel est lancé…

L'Afest (action de formation en situation de travail)

L’Afest permet de répondre aux besoins de recrutement des entreprises en proposant de former sur mesure à 70 % au minimum au sein de l’entreprise.

Les objectifs :

  • Réaliser des actions de formation sur mesure pour acquérir des compétences ou une certification professionnelle partielle ;
  • Développer des organisations du travail qui permettent de mieux apprendre ;
  • Rapprocher les lieux de formation de l'emploi local ;
  • Rompre avec les modalités d'apprentissage traditionnelles en s'appuyant sur les situations de travail réelles et les professionnels des entreprises ;
  • Favoriser et accélérer l'insertion en emploi.

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