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Elle était déjà la première femme pilote d’essai de l’Armée de l’air et de l’espace, à la base aérienne de Cazaux, en Gironde. A 40 ans, Sophie Adenot devient astronaute de l’agence spatiale européenne (ESA). Avec Arnaud Prost, elle fait partie de la nouvelle promotion d’astronautes sélectionnée en 2022.
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Les nouveaux astronautes européens
La dernière promotion, celle de Thomas Pesquet, avait été nommée en 2009. Treize ans après, deux Français rejoignent la sélection très fermée de l’agence spatiale européenne (ESA) : l’astronaute de carrière Sophie Adenot, lieutenant-colonelle de l'Armée de l'air et de l'espace, et l’astronaute de réserve Arnaud Prost, ingénieur et pilote de la Direction générale de l’armement.
Ils et elles étaient plus de 22 500 candidats et candidates à postuler. Seuls 17 d’entre eux font désormais partie de la promotion 2022 des astronautes de l’agence spatiale européenne, présentée le 23 novembre à Paris. Cette nouvelle promotion compte cinq astronautes de carrière, un « parastronaute » (John McFall, chirurgien et athlète paralympique anglais) et, pour la première fois, 11 astronautes de réserve.
Deuxième femme française astronaute
© A.M.
Astronaute de carrière, Sophie Adenot va commencer son entraînement dès le mois d’avril 2023, d’abord en Allemagne, pour pouvoir participer aux prochaines missions de l’agence spatiale européenne. Née en 1982 en Bourgogne, la jeune femme, mère d’un garçon, devient la deuxième femme française astronaute après Claudie Haigneré.
C’est « un rêve de petite fille » pour cette passionnée des airs, qui cumule tous les brevets : licence de pilote d’avion, de pilote de planeur, brevet de parachutisme... et même professeure de yoga. La lieutenant-colonelle, qui possède à son actif plus de 3000 heures de vol sur 22 types d’hélicoptères différents, montre un parcours d’excellence, marqué par l’humilité et l’envie de toujours apprendre. Diplômée de l’ISAE-Supaéro et du prestigieux Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston, Sophie Adenot a d’abord travaillé pour Airbus Helicopters avant de rejoindre l’armée de l’air. Première femme française pilote d’essai d’hélicoptère, l’aviatrice était affectée à la base aérienne de Cazaux, au sud de Bordeaux, depuis 2019.
Pilote de chasse, Arnaud Prost est diplômé de l’Ecole polytechnique et de l’Institut supérieur de l’aéronautique et de l’espace (ISAE-Supaéro) à Toulouse. L’officier militaire détient un master en astrophysique, sciences de l'espace et planétologie. Il est aussi, à tout juste 30 ans, instructeur de plongée et spécialiste de la plongée technique en eaux profondes. En tant qu’astronaute de réserve, Arnaud Prost conserve son poste au centre d’essais en vol à Istres, dans les Bouches-du-Rhône. Sans être sous contrat avec l’ESA, il pourra être entraîné selon les besoins à venir.
Les réseaux de recherche et universités en Région se mobilisent autour de la filière spatiale. Le NAASC, centre spatial universitaire de Nouvelle-Aquitaine, est une association d’établissements d’enseignement supérieur de Nouvelle-Aquitaine (les Arts et Métiers et Enseirb-Matmeca à Talence, ESTIA à Bidart, ENSMA à Poitiers et Science-Po à Bordeaux) qui forment pour le domaine spatial civil et militaire. L’Enseirb-Matmeca a lancé un certificat Espace à adosser au diplôme d’ingénieur.
Missions vers la Lune et Mars
Désormais, trois années de formation intensive attendent Sophie Adenot avant de pouvoir espérer décoller vers l’infini. « C’est un véritable bouleversement, ce changement de vie », a reconnu la jeune femme à la base de Cazaux le 5 décembre 2022 pour rencontrer la presse avec Arnaud Prost. L’astronaute n’a pour l’instant qu’une date en tête : le 3 avril prochain, début de son entraînement. L’autre échéance clé est fixée à l’horizon 2030 : l’ESA s’est donné pour objectif d’envoyer le premier européen, ou peut-être la première européenne, sur la Lune en lien avec le programme de la nouvelle station spatiale Lunar Gateway.
« Thomas Pesquet a attendu sept ans après sa sélection avant de faire partie d’une mission », rappelle Sophie Adenot, qui voit dans la génération d’Arnaud Prost, de 10 ans son cadet, la relève : celle qui participera aux missions robotiques vers Mars. « Franchement, précise la jeune femme en réponse aux questions, il n’y a pas de compétition entre nous ». La communauté des astronautes est une équipe, bien consciente, précise-t-on à l’ESA, que les avancées spatiales se font collectivement, avec des collaborations internationales, nationales et territoriales.
L’aéronautique-spatial-défense en Nouvelle-Aquitaine
Ce dynamisme local, salué par les autorités militaires à la base de Cazaux, est particulièrement soutenu par la Région. Avec près de 16 % de l’activité nationale, la Nouvelle-Aquitaine est la troisième Région de France dans le secteur de l’aéronautique, du spatial et de la défense (ASD). La Région fait du secteur ASD une filière d’excellence, en lien avec ses autres filières innovantes : l’optique-laser, la chimie et les matériaux, l’électronique, la robotique et les drones, l’intelligence artificielle…
La Région compte plusieurs fleurons de l’écosystème du New Space (l’industrie spatiale ouverte à de nouveaux acteurs et de nouveaux champs d’application) : HyPrSpace et son système de propulsion, Stellar et sa solution de télécommunication pour véhicule, ou encore CMP Composite, un des trois lauréats néo-aquitains de l’appel à projet national micro-lanceurs France 2030 pour sa solution innovante de réservoir.
A la fois think tank et centre d’inspiration, le hub régional Way4Space, créé en 2021 à Saint-Médard en Jalles, en Gironde, a réuni experts et institutions européennes lors de son dernier symposium NextSpace. Issu du hub Way4Space et accompagné par la Région, le projet Space Case d’ArianeGroup a d’ailleurs été sélectionné par l’ESA pour faire partie du premier vol Ariane 6. Si le lanceur réussit son décollage, cette petite capsule destinée à réaliser des micro-expériences sera dans l’espace début 2023, avant Sophie Adenot.