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L’entreprise Safran Electronics & Defense à Saint-Benoît (86) a été retenue pour construire le miroir du plus grand télescope du monde. Un défi technologique qui s’accompagne de la création d’une nouvelle unité de production et du recrutement de 50 personnes en région.
L’entreprise Safran Electronics & Defense, située à Saint-Benoît dans la Vienne, va être, pendant plusieurs années, le centre des attentions de tous les astronomes du monde. En son sein va se construire, à partir de 2019, le miroir central concave du plus puissant télescope jamais conçu au monde, avec des dimensions hors normes : 39 mètres de diamètre. Cet équipement inaugure une nouvelle ère pour l’astronomie. Installé d’ici à 2024 au Chili, il permettra, en effet, de voir cinq fois plus loin qu’actuellement. Objectifs : comprendre l’origine de l’univers et mesurer son expansion avec la découverte de nouvelles exoplanètes dans un rayon de 10 années-lumière.
931 segments d’1,4 m de diamètre
Cette réalisation s’inscrit dans le cadre d’un appel d’offres lancé par l’European Southern Observatory et remporté par la filiale de Safran Electronics & Defense, Safran Reosc, leader mondial de l’optique astronomique et spatiale. Le site de Saint-Benoît, qui compte 450 salariés, a été retenu pour deux raisons principales, comme l’explique son directeur, Guillaume Oulié. « La première est que nous avons, ici, des compétences inégalées en optique et optronique, science alliant l’optique et l’électronique. Nous fabriquons notamment des jumelles et caméras à vision nocturne ou infrarouges, ainsi que des modules de détection pour la défense. Le deuxième atout est que nous disposons d’un bâtiment suffisamment grand de 5 000 m2 jusqu’alors inutilisé. » Pour arriver à réaliser ce défi technologique, l’entreprise poitevine va, à partir de cette année, aménager et équiper ce bâtiment pour au final produire, d’ici à 2024, 798 segments, plus 133 de rechange, qui composeront le miroir. « Chaque segment ressemblera à une galette hexagonale de verre différente de sa voisine, poursuit Frédéric Boillet, responsable de l’unité industrielle de ce projet. Toute la complexité de l’opération sera de polir ces segments, d’1,4 mètre de diamètre, en retirant progressivement des couches ultraminces afin de leur donner la forme concave en fonction de leur position dans le télescope. Et surtout d’arriver à des défauts qui ne devront pas dépasser 10 nanomètres, soit 10 millionièmes de millimètre. Pour ce faire, l’usinage ionique, une technique de polissage sans contact physique, sera mise en œuvre. » L’objectif attendu est d’arriver à produire, à partir de 2021, un segment par jour.
30 millions d'euros d’investissements
30 millions d'euros d’investissements seront nécessaires pour installer le nouvel atelier. Un projet soutenu par la Région Nouvelle-Aquitaine à hauteur de 700 000 euros dans le cadre de son dispositif Usine du Futur qui prendra, ici, toute sa dimension avec cette nouvelle unité de production : connectivité des machines et des objets, robotique, simulations virtuelles… Le site devrait recruter à terme 50 nouveaux collaborateurs. « Des compétences que nous trouverons en région », précise Guillaume Oulié.