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Lacq : une dynamique de reconquête industrielle

Temps de lecture 4 minutes

Réindustrialiser la France : cette priorité nationale est déjà une réalité dans l’une des zones économiques les plus importantes de la Nouvelle-Aquitaine, le bassin de Lacq. Les projets industriels s’y multiplient et priorisent le potentiel immense offert par les énergies propres et l’économie circulaire.

Publié le Jeudi 28 avril 2022
  • #Chimie et matériaux
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  • #Laboratoire de recherche
  • #Université, Enseignement supérieur, Recherche

À l’aube des années 1950, à 3 600 mètres de profondeur, un gigantesque gisement de gaz naturel est découvert dans le sous-sol béarnais, à l’ouest de Pau. Le bassin de Lacq est né et va propulser l’Aquitaine au rang de première région productrice de gaz en France. Sur les anciennes plaines rurales où se dressent désormais hautes cheminées et torchères, plus de 6 000 salariés s’activeront pour cette nouvelle industrie. Dans son sillage s’installent de multiples centres de recherche, écoles d’ingénieurs et entreprises productrices d’aluminium, engrais azotés, chlorure de vinyle… Dès les années 1970, Lacq se spécialise ainsi jusqu’à devenir le troisième pôle chimie en France. Au début du XXIe  siècle, marqué par une baisse progressive des ressources en gaz, dont l’extraction prend fin en 2013, le bassin de Lacq décline. Dès 2003, pour remplacer l’activité gazière, le groupement d’intérêt Chemparc voit le jour. Industriels, chercheurs et collectivités territoriales joignent leurs forces pour assurer la reconversion de Lacq. Cap est mis sur les matériaux innovants, les énergies et la chimie propres.

Un soutien régional fort

Pour impulser cette reconversion, la Région Nouvelle-Aquitaine accompagne les acteurs économiques de Lacq, devenu site industriel de référence. Il génère 8 000 emplois et abrite près de 150 entreprises telles Abengoa, Sanofi, Sobegi, Toray, Veolia, Yara, Rexam… Ainsi, sur ces trois dernières années, 900 000 euros d’aides régionales ont permis d’accompagner les extensions, les innovations, l’internationalisation d’industriels tels que Arkema, Deltafluid, Air Quality Process, Corint Sud… Il en a été de même pour les structures d‘accompagnement : investissement dans une ligne de carbonisation portée par le centre de transfert CANOE, dans le cadre du projet FORCE pour la production d’une fibre de carbone biosourcée et économique ; extension de Chem Start’up, incubateur de jeunes sociétés des secteurs des matériaux et de la chimie verte (jusqu’à 100 emplois en 2022). La Région s’est aussi engagée sur la création d’une ligne pilote de fabrication de rubans polymères thermoplastiques. Côté recherche – Lacq est le deuxième pôle de recherche et développement en Nouvelle-Aquitaine –, la Région s’est engagée dans une ambitieuse recherche universitaire portant sur les nouvelles solutions énergétiques environnementales (via le projet I-SITE E2S de l’UPPA, le réseau Carnot ISIFOR et le pôle de compétitivité Avenia).

Des énergies alternatives

De fait, les projets d’énergies alternatives et plus vertes battent leur plein sur ce site. Lancée depuis un an, l’aventure « Pycasso », portée par Avenia, ambitionne de créer un réseau de transport pour récupérer le CO₂ émis par des industries dans un rayon de 200 kilomètres. Stocké dans les immenses cavités de Lacq laissées libres par l’extraction de gaz et uniques de par leurs caractéristiques géologiques, ce CO₂ serait ensuite revalorisé grâce à de nouvelles technologies.

Labellisé par ce même pôle, le projet H2NA, associant entreprises, BRGM et université de Pau, soutenu par la Région, va évaluer les possibilités de stockage et d’exploitation de l’hydrogène naturel présent dans le sous-sol pyrénéen. Autre exemple de cette reconversion vers des énergies plus propres : l’unité de méthanisation de BioBéarn revalorisera des tonnes de broyats de maïs et lisiers en biométhane réinjecté dans le réseau de transport, soit l’équivalent de la consommation de gaz de 20 000 habitants par an.

Portés par la volonté nationale de réindustrialisation, le plan de relance et le programme « Investissement d’avenir », de nombreux autres projets, hors énergie, émergent. Installé depuis 2015 à Mourenx, Novasep, fabricant de principes actifs pharmaceutiques, investit et se modernise pour produire, dès 2022, le Paxlovid, traitement anti-Covid, élaboré par Pfizer. De même, Alpha Chitin a lancé la construction d’une usine pour se poser en référent européen, au sein d’un marché aujourd’hui dominé par la Chine, dans la production de chitine, molécule antibactérienne utilisée dans la fabrication de produits médicaux et cosmétiques. Ainsi, entre 2020 et 2025, ce seront près de 400 millions d’euros qui auront été investis dans ce bassin industriel qui a su se réinventer et transformer l’essai de sa reconversion. 

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