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Depuis 2015, l’entreprise OP2 Drugs basée à Pessac (33) teste l’utilisation d’une molécule déjà commercialisée en Europe, pour un nouvel usage dans le traitement des suites d’un infarctus.
Les accidents cardiaques sont la première cause de décès dans les pays développés. Mais les nouveaux traitements n’affluent pas, l'industrie ayant fui devant la complexité de la phase clinique du développement de ces produits. Face à ce constat, l’entreprise de biotechnologie OP2 Drugs s’est lancée sur ce créneau, mais avec une démarche différente : le repositionnement.
« L’idée est de s’intéresser à des molécules déjà commercialisées, explique Frédéric Marin, CEO de OP2 Drugs. Il existe des savoirs empiriques de médecins ou chercheurs ; ils ont prescrit un médicament à un malade qui n’a pas eu l’effet attendu ou des effets inconnus, mais potentiellement utiles. »
Ainsi, OP2 Drugs – créé en 2015 au sein de l'IHU LIRYC de Pessac – part d’une molécule dont on avait déjà identifié la capacité à bloquer l’hyperproduction de radicaux libres (réaction automatique et toxique subie au cours de la phase aiguë du traitement de l’infarctus). Connue depuis le XVIIIe siècle et commercialisée depuis soixante-dix ans en Europe, cette molécule est dès lors testée et brevetée par la jeune start-up, grâce au savoir-faire du chercheur Philippe Diolez.
L’objectif : concevoir un traitement administré aux victimes d’infarctus. Très vite, l’entreprise s’attelle d’abord à démontrer l'efficacité du médicament chez l’animal.
Cibler le marché américain
Les États-Unis constituant la moitié du marché mondial, OP2 Drugs frappe à la porte de la Food and Drug Administration (FDA, l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux). Celle-ci délivre les autorisations de mise sur le marché. "En un an, nous avons eu six rendez-vous à la FDA à Washington, avec des équipes d'experts évaluant la pertinence de notre dossier", se félicite Frédéric Marin. Les équipes d’OP2 Drugs négocient avec la FDA de réaliser une première mondiale dans le développement de nouveaux médicaments : une étude clinique in silico (en simulation numérique). "Grâce à l’intelligence artificielle, nous avons modélisé le mécanisme de la maladie et de son traitement, puis simulé des malades électroniquement", explique le dirigeant. Ce dernier passe aujourd’hui à la phase d’étude in vivo, après avoir réalisé une formulation injectable brevetée, son industrialisation et l’ensemble des tests précliniques.
OP2 Drugs s'appuie sur une stratégie de partenariat avec les acteurs du secteur pharmaceutique néo-aquitains. "Nous avons mis en place un club de start-up dans le domaine de la biotech. Il est très intéressant de collaborer dans une Région qui a un tissu industriel de ce type, avec une même culture, facile d'accès pour tester rapidement des nouveaux travaux", souligne Frédéric Marin.
Soutenue dès sa création par la Région, OP2 Drugs a bénéficié en 2019 d’une aide à l'innovation de 457 000 euros. Son objectif est aujourd’hui de pérenniser à
l'horizon de 3 ans un laboratoire pharmaceutique ancré en Région Nouvelle-Aquitaine.