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Arroscope : l’entreprise en partage

Temps de lecture 4 minutes

A Aytré en Charente-Maritime, sept salariés devenus associés ont repris la PME familiale dans laquelle ils travaillaient. Ils l’ont transformée en Scop, une société coopérative de production.

Publié le Mercredi 7 novembre 2018
Il y a tellement de petites entreprises à transmettre… C’est bien de terminer sa carrière de cette façon
Lucien Delesalle

Des salariés devenus actionnaires, associés et patrons à la fois : bienvenue chez Arroscope, une entreprise située à Aytré, aux portes de La Rochelle. Fondée en 1991, cette PME familiale s’est muée en janvier dernier en Scop (société coopérative de production). Ses sept anciens employés ont tous sauté le pas et décidé d’en reprendre les rênes, conjointement.
Détenteurs du capital social et du droit de vote, ils président désormais aux destinées de cette société spécialisée dans l’arrosage, le pompage, les bassins et les piscines. Leur choix comme leur histoire ne sont pas banals. Car la transformation de cette PME en Scop n’est pas liée à une mauvaise passe ou un trou d’air. Au contraire, ses marchés habituels, portés par la conjoncture et la reprise du bâtiment, lui sont très favorables. Non, cette mutation et ce passage vers l’économie sociale et solidaire (ESS) sont le fruit d’une transmission, d’un passage de témoin entre les anciens patrons, Nadège et Lucien Delesalle, et leurs employés devenus entrepreneurs à leur tour. « Il y a tellement de petites entreprises à transmettre… C’est bien de terminer sa carrière de cette façon », se réjouit Lucien Delesalle

Un actionnaire égal une voix

Car cet entrepreneur de 72 ans, désormais à la retraite, est lui-même à l’origine de ce projet ! « Il est venu nous voir en mars 2017 avec cette idée. Il s’est renseigné et nous a accompagnés. Il voulait que cela perdure et a vu l’implication de tous », confirme Valérie Charpentier, l’une de ses anciens salariés qui endosse aujourd’hui la casquette de dirigeante avec l’un des six autres associés, Thierry Blondel. « Ici, un actionnaire est égal à une voix. Nous n’avons pas de pression supplémentaire, on travaille pour nous », assure ce dernier. Élus par leurs pairs pour trois ans, Valérie Charpentier et Thierry Blondel assument ainsi la gestion d’Arroscope au quotidien. Tous deux n’avaient pas imaginé ce scénario. « On ne devient pas chef d’entreprise en six mois, cela demande plus d’implication. Mais nous avons été épaulés. » Par Nadège et Lucien Delesalle, d’abord : les anciens patrons se sont effacés progressivement l’an dernier, non sans avoir délivré leurs précieux conseils. Par l’Union régionale des Scop, ensuite, qui leur a permis de financer l’acquisition des parts d’entreprise grâce à des prêts d’honneur à taux zéro. Et jusqu’aux collectivités publiques, comme la Région Nouvelle-Aquitaine, qui a apporté une aide financière de 35 000 euros.

Aucune hiérarchie

Les associés, eux, entendent bien « pérenniser » Arroscope et son chiffre d’affaires de près de 800 000 euros. Quatre d’entre eux parcourent chaque jour la Charente-Maritime pour assurer l’installation et la maintenance de piscines ou de systèmes de pompage et d’irrigation. Un autre s’occupe plus particulièrement du magasin d’Aytré, de ses stocks conséquents et du conseil à la clientèle. Valérie Charpentier et Thierry Blondel assument la partie administrative et financière. Ici, la différence entre leurs salaires s’établit à 1,3.
« Et il n’existe aucune hiérarchie ! Nos familles, elles, comprennent davantage pourquoi on s’investit autant, pourquoi on est plus absents durant la saison », sourient les deux gérants. Lucien Delesalle, lui, continue de rendre visite aux nouveaux patrons de la Scop, non sans fierté : « Cette entreprise, j’ai envie de la voir marcher ! »