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Actualité

Souveraineté alimentaire, utopie ou réalité ?

Temps de lecture 6 minutes

Premier rendez-vous des Rencontres de l’Alimentation, organisées par l’AANA et ses partenaires, le débat "Souveraineté alimentaire, utopie ou réalité ?" a réuni le 3 février dernier experts et professionnels autour des problématiques de l'alimentation de demain.

Publié le Vendredi 5 février 2021
  • #Agriculture
  • #Agroalimentaire
  • #Entreprise
  • #Particulier

"Comment construire ensemble l’alimentation de demain en Nouvelle-Aquitaine ?" : c'est avec cette large question que débute une série de conférences-débats, ateliers et échanges entre professionnels et experts, proposés par l'AANA jusqu'en juin prochain.
Le mercredi 3 février dernier, de 10h30 à 12h, le premier débat - retransmis en ligne en direct depuis l'Hôtel de Région de Bordeaux - était consacré au concept de souveraineté alimentaire.

Pour en parler, étaient réunis :

  • Erik Orsenna : Chercheur en solutions agricoles, Écrivain, Académicien.
  • Sébastien Abis : Directeur du Club DEMETER, écosystème du secteur agricole et agro-alimentaire tourné vers les réflexions de long terme, les enjeux mondiaux et les dynamiques intersectorielles, chercheur associé à l’IRIS, spécialiste de la sécurité alimentaire dans le monde.
  • Philippe Mauguin : Président de l’Institut national de recherche sur l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE).
  • Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine
 
Souveraineté alimentaire
Le concept de souveraineté alimentaire propose de revoir le système alimentaire afin que son fonctionnement soit mis entre les mains des populations, qui seront alors en mesure de mettre en place des politiques agricoles en harmonie avec le développement durable des sociétés.

Revoir Les Rencontres de l'Alimentation : La souveraineté alimentaire, utopie ou réalité ?

Une souveraineté alimentaire solidaire et durable

"Savoir ce que l’on mange, c’est la première souveraineté", introduit Erik Orsenna, après la diffusion d'un court reportage de TV7 au Marché de Brienne, à la rencontre de producteur de produits bio et locaux. L'académicien précise : "Nous sommes ce que nous mangeons ; ne pas savoir ce que nous mangeons, c’est ne pas savoir qui nous sommes". Particulièrement en Nouvelle-Aquitaine, première région des appellations, “on ne mange pas seulement un aliment, mais des métiers, des gens, des savoirs...”.
Face à la crise sanitaire, économique et sociale, ce sujet est d'autant plus d'actualité ; et la souveraineté,  Alain Rousset le rappelle, doit aussi s'inscrire "sur ce que mangent les animaux".

Pour Sébastien Abis, directeur du Club Demeter, "On se rend compte qu’en France, on a jamais été autant en sécurité alimentaire qu’en 2020, alors que l’insécurité est grande sur la planète". Mais il y a des questions légitimes sur l’exigence de santé, de soutenabilité et de sécurité à poser. "Les consommateurs veulent savoir ce qu’ils mangent. L'important est qu’ils n'oublient pas qui les nourrit, nous avons besoin d’agriculteurs. (...) Nous avons besoin d’importer et exporter pour les équilibres mondiaux."

"La souveraineté alimentaire, on doit la concevoir à l’échelle des territoires, de l’Europe et de l’échelle mondiale.", confirme Philippe Mauguin. Le président de l'INRAE précise : "On a triplé la production d’aliments entre 1950 et 2000 et pourtant des gens ont toujours faim ou sont malnutris", avant d'avancer l'idée d'un "projet de souveraineté alimentaire solidaire et durable". 

Une meilleure alimentation et une vie meilleure des agriculteurs

A l’échelon régional, la feuille de route néo-aquitaine Néo Terra, prend en compte l'agriculture et l’enjeu environnemental dans les politiques publiques. Le président du conseil régional détaille les actions menées dans trois domaines : la commande publique, le développement des circuits courts et les liens avec les scientifiques.
Pour Sébastien Abis, "Il y a des complémentarités agricoles à mettre en place pour améliorer cette sécurité alimentaire, (...) on a besoin de faire travailler entreprises, recherche, écoles, pouvoirs publics ensemble..."

Erik Orsenna rappelle une réalité qui l'a frappé : "Le prix est un sujet qui me tient à cœur. Et personne n’a applaudi ceux qui nous nourrissent pendant le premier confinement. On les a enfermés dans des injonctions contradictoires, produire plus pour moins cher", avant de rappeler que la Nouvelle-Aquitaine a mis en place un Pacte alimentaire, qui permet aux différents maillons de la chaîne alimentaire régionale – producteurs, transformateurs et distributeurs – de s’engager pour une alimentation durable, locale, saine et équitable en Nouvelle-Aquitaine.

Crise des vocations, problèmes d'attractivité de l'industrie agroalimentaire, faiblesses des rémunérations... Même si l'on fait face, dans les domaines de l'agriculture et de l'agroalimentaire, à de nombreuses difficultés, les intervenants rappellent la nécessité de rester positif : "c'est un secteur d'avenir, avec une vraie quête de sens" souligne Philippe Mauguin, qui pointe aussi la parité qui s'installe durablement au sein de la nouvelle génération d'agriculteurs.
Le prochain débat, consacré au "Manger numérique" aura lieu le 26 mars prochain.

Les conférences débats à suivre en 2021

26 mars : Manger numérique

Cet événement est dédié aux nouvelles technologies dans le domaine de l’alimentation présentes partout aujourd’hui. Entre les applications de livraison à domicile et celles qui conseillent nos choix alimentaires, les outils digitaux influencent de plus en plus notre façon de consommer.

Avril : Circuits courts et de proximité

Le développement des circuits alimentaires locaux est un enjeu fort en Nouvelle-Aquitaine. Depuis mars 2020, de nombreuses plateformes et initiatives pour l’achat en vente directe ont vu le jour et les chiffres ont décollé mais comment renforcer et fidéliser cette clientèle ? Pourra-t-on maintenir cette relation de proximité avec les producteurs ?

Mai : Le rôle des signes d'identification de la qualité et l'origine dans la souveraineté alimentaire 

Co-piloté par l’AANA, la CRANA (Chambre Régionale d’Agriculture de Nouvelle-Aquitaine) et l’INAO (Institut National de l’Origine et la Qualité). La convention sur la mise en place d’un observatoire économique en Nouvelle-Aquitaine des SIQO y sera officiellement signée.

Juin : La grande distribution à l'heure du local

La distribution alimentaire en France est arrivée au terme d’un cycle. De nouvelles offres s’organisent essayant d’être plus proches des attentes des consommateurs et des producteurs. Comment évolue ce modèle de distribution ? Les agriculteurs et producteurs sont-ils de vrais partenaires et pour quelle rémunération ? Les consommateurs sont-ils des acteurs ?

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