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Première région agricole de France et d’Europe, la Nouvelle-Aquitaine est arrivée en force pour cette édition 2018 du Salon international de l’agriculture. Avec 260 m2 consacrés à la valorisation de ses filières bovines et ovines et 74 exposants venus de tous les départements, ses territoires viticoles et gastronomiques y sont généreusement représentés jusqu'au au 4 mars.
Le 28 février, la Nouvelle-Aquitaine était à l’honneur Porte de Versailles. Dans la nuit de mardi à mercredi, les plus belles ambassadrices des races bovines de la Région ont franchi les portes du Parc des expositions de Paris, accompagnées de leurs propriétaires aux traits encore tirés par cette expédition nocturne vers la capitale. Limousines, Bazadaises, Blondes d’Aquitaine, Parthenaises, l’effectif était au complet.
« L’élevage traverse une période compliquée, et notre bataille ne peut pas être autre que celle du revenu des agriculteurs », a insisté le président du Conseil régional Alain Rousset, rappelant au passage les incidences locales de la réforme européenne de la carte des zones défavorisées simples - ZDS, où l’activité agricole est plus difficile à développer. L’arrêt d’aides spécifiques pourrait en effet fragiliser davantage encore des territoires ruraux et les élevages des Pyrénées-Atlantiques et des Deux-Sèvres.

© Laetitia Solery
"Se différencier par la qualité"
Originaire de Moncoutant (79), Laurent Jarry est éleveur engraisseur de Parthenaise. S’il n’est pas impacté par la réforme, il a en revanche compris de longue date que la mise en valeur de son travail passait non seulement par la diversification des canaux de vente (avec 30% de son activité en vente directe), mais aussi par l’information du public. « J’en ai eu marre qu’on me considère comme un pollueur, et j’ai voulu montrer comment je travaillais en créant une ferme pédagogique », raconte-t-il.
Le président de la Nouvelle-Aquitaine ne dit pas autre chose quand il s’engage à accompagner les producteurs pour valoriser leurs savoir-faire qui constituent un véritable patrimoine, dans une région comptant 217 produits distingués par des signes officiels de qualité (AOC, IGP, Label Rouge…) : « Il s’agit de se différencier par la qualité, martèle-t-il, ce à quoi travaillent par exemple les éleveurs de porcs Culs noirs du Limousin. »
Nicolas Coudert possède 24 truies de cette race de cochon de type ibérique, blanc taché de noir, ce qui représente environ 250 porcelets sur l'année. « Nous voulons cette AOC pour protéger le travail des éleveurs, explique-t-il, pour lier un produit à une race et à un territoire. Cela devrait également nous ouvrir de nouveaux marchés, à l'export notamment. » Tous les ans, les éleveurs rassemblés au sein d’une coopérative qui vend sous la marque L’Ecusson noir se rendent sur le salon « avec des élèves du lycée agricole des Vaseix, à Verneuil-sur-Vienne (87) afin d’intégrer des jeunes à la filière. »
Penser l’agriculture de demain
Deuxième région de formation agricole, la Nouvelle-Aquitaine a également sa carte à jouer du côté de la transmission des savoir-faire, et de la diffusion de nouvelles pratiques agricoles : « Nous voulons rapprocher le monde de la recherche et des formations d’ingénieurs du monde des lycées agricoles, pour faire de ces derniers des laboratoires d’expérimentation », précise Alain Rousset. Une vision sur le long terme qui rejoint la mobilisation pour une viticulture durable, engagée aux côtés des acteurs de la filière pour sortir des pesticides.
Largement représentés au sein du hall 3 du Parc des expositions, les vignobles du bordelais et du cognaçais côtoyaient sur un stand de plus de mille mètres carrés les autres représentants du monde gastronomique et viticole de Nouvelle-Aquitaine. Des huîtres de Marennes aux noix du Périgord en passant par les apiculteurs creusois, ils ont fait le bonheur des petits et des grands qui arpentaient les allées du salon en se régalant de fromages de chèvre, cornets de charcuterie, gâteaux basques… ou séduits par le fumet alléchant des aiguillettes de canard grillées. Une mine d’informations gustatives et olfactives pour les visiteurs de la « plus grande ferme du monde ».







Ici, professionnels, curieux et gourmands de tous bords ont la possibilité de découvrir des produits de haute qualité parfois inconnus du grand public, comme en témoigne Pierre Couillet, éleveur de brebis Manech tête rousse qui promeut l’agneau de lait des Pyrénées : une IGP doublée d’un Label Rouge pour cet animal nourri exclusivement au lait maternel, dont la finesse gustative n’a pas échappé au consommateur espagnol. « Les trois-quarts de notre production partent en Espagne, sourit-il, surtout au moment des fêtes de fin d’années. Contrairement à d’autres, notre problématique est de nous faire connaître chez nous, sur le marché français ! » Réserver ce régal à nos seuls voisins ibériques serait bien dommage.
La Fondation du patrimoine et Ceva Santé animale ont décerné mercredi 28 février le Prix national de l’agrobiodiversité animale 2018. Sa vocation ? Mettre en lumière des races agricoles françaises à faibles effectifs, qui représentent un patrimoine génétique unique.
La vache Froment du Léon, la vache Bordelaise et l’âne des Pyrénées ont remporté les trois premiers prix. Sur la deuxième marche du podium, la vache Bordelaise et son éleveur Christophe Guénon ont remporté une dotation de 6000 euros. Implantée à Léognan (33), cette exploitation permet en outre de redonner une vocation d’élevage à des terrains abandonnés par l’agriculture sur un site classé Natura 2000.