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Initiative unique en France, l’Agro Smart Campus a été lancé vendredi 4 mai par la Région Nouvelle-Aquitaine. Ce campus innovant a pour objectif de rapprocher l’enseignement secondaire, l’enseignement supérieur et la recherche pour relever les défis de l’agriculture de demain.
C’est au milieu des vignes, au lycée agricole de Montagne-Saint-Emilion, que l’Agro Smart Campus a été lancé ce vendredi 4 mai 2018 par Alain Rousset. Réunissant de nombreux acteurs de l’agriculture régionale et des experts nationaux pour un colloque d’une journée, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine présente « l’Agro Smart Campus comme une révolution méthodologique et organisationnelle ».
Le lieu choisi pour ce lancement est un symbole fort car, dans ce nouveau dispositif unique en France, les lycées agricoles ont pour vocation de diffuser les nouvelles pratiques. Ce campus innovant a pour objectif d’accroître la diffusion des connaissances et, pour y parvenir, de créer des passerelles entre le monde de la formation du secondaire, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et celui de la recherche.
A ce titre, le projet initié par la Région Nouvelle-Aquitaine est co-construit avec la Mission Agrobioscience de l’Inra (Institut national de la recherche agronomique), Bordeaux Sciences Agro et la DRAAF (Direction régionale de l'alimentation, de l'agriculture et de la forêt).
Les lycées, lieux d’avant-garde du modèle agricole
A l’ouverture de cette journée de lancement, le président Alain Rousset a rappelé que le projet est parti d’une réflexion sur la mutation de l’agriculture, notamment avec le changement climatique. Mais aussi sur le rôle des lycées agricoles dans cette mutation. « On a la chance d’avoir au niveau des lycées agricoles une vraie réussite. Chaque lycée a la spécificité de posséder une exploitation agricole. Notre objectif est de faire de ces lycées des lieux d’expérimentation et d’avant-garde sur la transition du modèle agricole. Ils ont un rôle éminent à jouer avec la formation des futurs exploitants. »
Pour cela, Agro Smart Campus a l’avantage d’avoir un ancrage territorial fort, comme l’a indiqué le directeur adjoint de la DRAAF, Damien Trémeau, avec pas moins de « 120 implantations d’enseignement agricole public ou privé. Quand il faut diffuser de la connaissance à des jeunes répartis sur tous ces lieux, il est évident qu’il faut trouver d’autres émetteurs. La plateforme est en cela innovante. ».
Une plateforme numérique diffusera les contenus en direct
Agro Smart Campus prévoit en effet de s’affranchir des distances grâce au numérique. Pour diffuser les connaissances sur tout le territoire, les visites de terrain des scientifiques, les conférences en salle ou encore les forums seront diffusés en direct dans tous les établissements agricoles néo-aquitains. L’objectif est de faciliter la mise en partage et l’interaction entre les établissements.
Pour Alain Rousset, « le continuum assez exceptionnel allant des lycées agricoles jusqu’à la recherche, en passant par des écoles d’ingénieurs comme Bordeaux Sciences Agro, est un terrain de jeu incroyable. Comment décloisonner ces mondes et comment mieux transférer les nouvelles pratiques au niveau des exploitations ? Agro Smart Campus répond à ces enjeux. Cela sera un dispositif exigeant pour les hommes et les femmes qui travaillent dans l’ensemble de ce continuum de recherche, de développement et d’enseignement, en relation avec le monde de la production agricole. »
Olivier Lavialle, directeur de Bordeaux Sciences Agro, complète : « Ce réseau doit nous enrichir mutuellement entre lycées et enseignement supérieur. Nous avons aussi beaucoup à apprendre y compris dans la formation de nos ingénieurs. »
Incubateur et accélérateur des nouvelles pratiques
Ce partage des clefs de la connaissance permettra d’être le plus réactif et le plus opérationnel possible dans un secteur agricole en pleine mutation. L’Agro Smart Campus se pense comme un incubateur des nouvelles pratiques et un accélérateur de leur mise en place. « C’est très prometteur quand les questions de recherche viennent aussi du terrain, des lycéens, des étudiants, des enseignants, et du dialogue des différents réseaux de la société », précise Hervé Ossard, économiste à l’INRA.
Ce défi passe aussi par le modèle économique car cette transition de l’agriculture doit permettre de créer de la valeur ajoutée pour les agriculteurs. Celle-ci est un préalable aux investissements nécessaires à ces changements.
Philippe Mauguin, PDG de l’INRA résume : « L’Agro Smart Campus s’inscrit au cœur d’un des défis de notre agriculture et de notre société qui est de répondre aux enjeux de la transformation des filières agricoles et alimentaires et de la transition agro-écologique. Il y a beaucoup d’attente de la part de nos concitoyens. Les jeunes auront un rôle clef à jouer en tant que futurs agriculteurs pour porter ces défis. »