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Basée à Pessac en Gironde, la société AIO produit des robots "passifs". Dans une approche à l'opposé de la tendance actuelle, ses robots travaillent avec et à côté de l’homme dans les usines. Son nouveau produit, Numii, propose de générer une base de données sur le travail humain, permettant ainsi de réduire la pénibilité au travail.
La démarche d’AIO est stratégique : quand on est attentif aux hommes et aux femmes, on réussit mieux. Et définir une nouvelle relation au travail rend service à tout le secteur industriel
De passage dans les locaux d’AIO, le président de la Région Nouvelle-Aquitaine est venu saluer le travail de la société pessacaise qui place ainsi l’humain au coeur de son activité. L’idée ? Faire que les conditions de travail dans les usines - dans l’industrie d’assemblage, principalement automobile - soient améliorées grâce aux robots.
Pour cela, elle produit des Karakuri Kaizen, des robots passifs n’utilisant aucune source d’énergie électrique, pneumatique ou hydraulique, pour générer un mouvement et assister le geste d’un opérateur de ligne. Via des astuces mécaniques, ces robots d’autrefois rendent plus facile le travail sur une ligne de production.
Près d’une soixantaine de personnes en produisent dans l'usine girondine d'AIO. Ses clients sont des constructeurs automobiles - Toyota, Ford, Renault, PSA, Nissan, Volvo..- ou de grands industriels : Dassault, Schneider Electric, Safran, Thales… Dans le grand hangar clair jouxté au bureau de conception, les équipes s’affairent. Trois groupes travaillent sur leur Karakuri Kaizen, à côté de leurs murs griffonnés de schémas et process de production.








Pour compléter cette approche mécanique venant en aide aux travailleurs sur les chaînes de montage, AIO développe depuis plusieurs mois un nouvel outil, qui vient, en amont, s'intéresser à la pénibilité au travail afin de l'analyser et de la prévenir. “On imagine le futur avec plein de robots mais on ne connaît pas bien le travail de l’homme”, constate Cyril Dané, président d’AIO et créateur de Numii, le nouveau bébé de la société.
Depuis 2016, un nouveau volet de développement de l’entreprise s’axe donc autour de la prévention des maladies professionnelles. Développé via un programme de recherche mené en partenariat avec l’INRIA et l’École nationale supérieure de cognitique et financé par la Région, le projet Numii génère des bases de données sur le travail humain.
De la forme d’une tête de robot, et relié à un Ipad récoltant toutes les données chiffrées, cet objet connecté permet aux entreprises d’identifier et visualiser les zones ou situation à risques et ainsi adapter leurs investissements pour une meilleure santé de leurs collaborateurs. "Grâce à cette base de données et à l'intelligence artificielle, nous allons pouvoir adapter le travail des robots à chaque individu", explique David Dany, chercheur à l'INRIA.
L’objet est mis à disposition gratuitement des entreprises, chaque mesure est facturée 20 euros au client d'AIO.
S'il agit pour prendre en compte la prévention des maladies professionnelles, Numii aura un rôle également dans leur détection. En effet, toutes les données collectées, retraitées et rendues anonymes pourront être mises à disposition du monde médical. "Elles pourront enrichir la connaissance médicale sur l'origine des maladies professionnelles", explique Cyril Dané.
Présenté pour la première fois lors du CES 2018, le salon mondial des nouvelles-technologies à Las Vegas, Numii est aujourd’hui notamment en tests concrets dans les usines Dassault. De grands groupes ont approché AIO et l'entreprise sera de retour à Las Vegas avec la nouvelle version de son robot en janvier prochain...



