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Dans la Vienne, à Pressac, commune de plus de 500 habitants, la start-up en agritech Cyclair a développé un robot agricole de désherbage autonome, qui agit comme une alternative aux herbicides. Après une levée de fonds de 2,1 millions d’euros, Cyclair va démarrer prochainement la commercialisation de son robot.
Publié le Lundi 16 septembre 2024
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À la sortie du petit hameau rural de Pressac, il n’est pas rare d’apercevoir un robot agricole évoluer seul dans les champs. 6 mètres de large, 1,5 m de haut, dirigé à l’aide de l’intelligence artificielle. C’est le "bébé" de la start-up Cyclair, qui s’est installée en 2019 dans la ferme familiale du dirigeant, Sébastien Gorry, 34 ans.
Fils d’agriculteur, sensibilisé aux enjeux agricoles, il a décidé, après 10 ans comme ingénieur chez Air Liquide, de revenir sur ses terres pour proposer une alternative rentable aux herbicides. "Si à terme, l’agriculteur pourra se passer des fongicides et pesticides par des nouvelles variétés de plantes plus résistantes, il restera contraint pour le désherbage de recourir à la chimie avec des réglementations environnementales toujours plus exigeantes."
Le robot de Cyclair apparaît alors comme une alternative économiquement intéressante. "Il a la capacité d’intervenir jour et nuit, 16 heures par jour et avec un débit de chantier de 20 hectares par jour, avec un coût à l’hectare, entre 180 € et 220 €, sur une saison de désherbage, précise Sébastien Gorry. Un coût par rapport aux herbicides qui est quasi le même pour un agriculteur en conventionnel et inférieur pour celui en bio."
© Thierry Martrou
Un robot mutualisé entre agriculteurs
Le principe du robot ? "Équipé de capteurs 3D et doté d’IA, il scalpe, avec ses outils adaptables en fonction des cultures, les mauvaises herbes se trouvant dans l’inter et l’intra-rang de culture, sans abîmer les cultures."
Cette technologie, pour laquelle Cyclair a développé cinq brevets, s’adresse aux agriculteurs, proches géographiquement, acceptant de mutualiser les moyens de protection des plantes via des CUMA ou des coopératives.
"Certes, le principe des robots autonomes en milieu agricole n’est pas nouveau. Ils ont déjà fait leur apparition dans les vignes et chez les maraichers. Mais, pour une application en plein champ, nous sommes aujourd’hui sur un domaine beaucoup plus complexe. Les contraintes sont importantes : des rangs de cultures pas forcément droits qui parfois se croisent, la présence d’obstacles comme des pierres, des branches… " Autant d’éléments, en plus du repérage des mauvaises herbes, que la start-up a su maîtriser grâce à la technologie embarquée qu’elle a développée.
Une commercialisation imminente
Entre la création de Cyclair en 2019 et aujourd’hui, les choses se sont accélérées. Les années 2019 et 2020 ont été principalement dédiées aux études. "A cette période, j’ai été rejoint dans l’aventure par Quentin Guillemot, ingénieur et spécialiste en intelligence artificielle, et par Camille Auger, expert en système embarqué, devenus mes associés. " Les premiers soutiens financiers, notamment la Région et la BPI (Banque Publique d'Investissement), qui ont complété les 800 000 euros de fonds propres engagés par les trois associés, ont permis de développer des prototypes légitimant le bien-fondé de Cyclair. Cette preuve de leurs technologies a ainsi impulsé une levée de fonds de 2,1 millions d’euros, effectuée en novembre 2023.
Le montage financier fait intervenir plusieurs partenaires dont le fonds NACO (Nouvelle-Aquitaine Co-Investissement) initié par la Région Nouvelle-Aquitaine pour la transition des territoires. Une enveloppe financière qui permet à la start-up d’envisager une commercialisation dans les prochains mois avec, à terme, une production de 20 robots par mois, "dont 60 % de la valeur ajoutée de Cyclair est réalisée en Nouvelle-Aquitaine et 80 % en France".
Pour arriver à ce rendement, Cyclair effectue actuellement de nombreux recrutements qui devraient, à terme, plus que doubler les effectifs de la start-up.